Date de publication: 22/07/2020 | Auteur(s): Administrator | Tags: Divers | Visites: 8

Algérie : le gouvernement au secours des nationaux bloqués à l'étranger

Adlène Meddi

21-07-2020

L'Algérie a commencé cette semaine une seconde grande opération de rapatriement de ses ressortissants bloqués à l'étranger à la suite de la pandémie du nouveau coronavirus. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a instruit le ministre des Affaires étrangères, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, le ministre des Transports, le ministre du Tourisme, de l'Artisanat et du Travail familial « en vue de mobiliser la flotte aérienne et maritime dans les prochains jours ainsi que les établissements hôteliers devant servir dans ce cadre pour la période de quatorzaine sanitaire préventive applicable aux personnes rapatriées », a indiqué un communiqué officiel.

La quatorzaine imposée

L'opération « privilégiera en premier lieu les familles bloquées ainsi que les personnes ayant effectué les déplacements pour des soins et nos étudiants à l'étranger », selon la même source. Quelque trois milliards de dinars (environ 20 346 000 euros) ont été mobilisés mi-juillet pour les frais des quatorzaines imposées aux ressortissants rapatriés. Début juillet, le président Abdelmadjid Tebboune a défendu la mise sous quatorzaine, expliquant que « parmi les gens que nous avons évacués, les Algériens ayant bénéficié du rapatriement, nous avons trouvé quand même presque 50 personnes contaminées ». La mise sous quatorzaine, selon le chef de l'État, a fait éviter une « une progression exponentielle » des contaminations. Quelque 27 hôtels au niveau de 25 wilayas (départements) sont mis à disposition pour recevoir environ 70 % de la totalité des rapatriés algériens. Selon le programme établi par les autorités algériennes, les rapatriements, commencés le 20 juillet et s'étalant jusqu'au 26 juillet, toucheront plusieurs pays.

Le SOS des Algériens à l'étranger

Jusque-là, 13 000 Algériens ont pu être rapatriés via des vols spéciaux. Rien qu'en France, 5 000 ressortissants attendent d'être ramenés au pays. Depuis le 17 mars, faut-il le rappeler, nos frontières et notre espace aérien sont fermés, une mesure qui a eu pour effet l'annulation en cascade des vols commerciaux, empêchant de facto nos ressortissants qui se trouvaient en déplacement avant cette date de rentrer chez eux. Depuis la fermeture des frontières algériennes le 17 mars, beaucoup d'Algériens se sont retrouvés piégés, depuis plusieurs mois, à l'étranger en l'absence de vols commerciaux ou de liaisons maritimes. Le quotidien El Watan évoque cette situation en reprenant les contenus de pages Facebook, dont « Algériens bloqués en France » qui compte plus de 10 000 membres. « Des SOS et des témoignages en cascade sont postés sur ces pages, assortis régulièrement de photos et de vidéos poignantes montrant des Algériens totalement livrés à leur sort, devenus de véritables SDF, dormant dans la rue, dans les parcs, errant dans les faubourgs de l'exil ». Une lettre ouverte a même été adressée, le 6 juillet, au président Tebboune par des Algériens bloqués à l'étranger : « Cela fait maintenant quatre mois que nous sommes abandonnés à l'étranger, épuisés moralement et démunis financièrement, nous survivons dans des conditions de vie misérables, certains d'entre nous sont tombés en dépression, en apprenant la perte d'un proche en Algérie. » « En dépit de notre inscription à la campagne de rapatriement lancée par le ministère de l'Intérieur au début du mois d'avril, aucune information n'a filtré sur notre programme de rapatriement (…), les services consulaires sont la plupart du temps injoignables ou, au mieux, ils nous demandent de patienter encore et encore », lit-on encore dans cette missive.

Blocages et dysfonctionnements

« Je ne sais pas s'ils sont dépassés ou bien incompétents, car ils n'appliquent même pas les instructions des autorités à Alger », fulmine au téléphone contre le consulat algérien sur place Arezki en Espagne, bloqué depuis plusieurs semaines entre Barcelone et Alicante. « Ils nous appellent le soir pour le lendemain pour rejoindre Alicante et embarquer l'après-midi même pour Oran… Comment feront les familles qui sont loin ? » se demande encore Arezki. Un groupe de chercheurs algériens également bloqués en Espagne se retrouve dans une situation confuse : « On nous demande de rentrer avec l'opération de rapatriement mais en même temps notre tutelle (ministère de l'Enseignement supérieur) exige qu'on termine nos stages et travaux ici », témoigne par e-mail Amina, chercheuse algérienne en sciences de la terre boursière dans un laboratoire en Andalousie.

« S'il vous plaît, s'il vous plaît, acceptez le confinement »

De leurs côtés, les autorités consulaires tentent de s'assurer du bon respect de la quatorzaine des rapatriés. Le consul d'Alicante en Espagne y va même d'une verve peu protocolaire : « Je partagerai un bout de pain que je gagne à la sueur de mon front et en toute honnêteté avec tout Algérien en difficulté (…) Faites confiance aux hommes et aux femmes du consulat d'Algérie à Alicante et à Alger aussi, qui œuvrent pour vous faire revenir à vos familles respectives restées au pays. Mais s'il vous plaît, s'il vous plaît, acceptez le confinement, acceptez le confinement. »

Aid El-Ad’ha et Covid-19 : maintenir ou annuler, le gouvernement algérien ne sait pas sur quel pied danser !

Par F. B

21 juillet 2020

Le maintien ou l’annulation de l’Aid El-Ad’ha (fête du sacrifice) fait débat en Algérie. L’organisation de la grande fête religieuse remet une nouvelle fois sur le tapis la question de la gestion de la situation critique du Covid-19. 

A quelques jours de cette grande fête de la religion musulmane, les autorités sanitaires algériennes craignent le pire en ce qui concerne la propagation vertigineuse du Coronavirus dans le pays. Elles plaident, en effet, pour l’annulation du rituel du sacrifice, afin d’empêcher les fidèles de se rencontrer en masse dans les lieux de vente des moutons. De leur côté, les instances religieuses appellent au maintien de la fête et ce, dans le strict respect des règles sanitaires.

En marge de sa rencontre avec quelques responsables des médias nationaux, le Président Abdelmadjid Tebboune évoque la question de la célébration de l’Aid El-Ad’ha, qui est attendue à la fin du mois de juillet. Il rappelle qu’il ne faut pas mettre de côté les risques pendant cette crise épidémique qui secoue le pays. Il dira à ce propos que « le sacrifice est une sunna, mais le risque sanitaire n’est pas à écarter (…) nous ne pouvons être permissif face à la mise en danger de la santé du citoyen ».

Toutefois, il y a lieu de préciser qu’aucune décision officielle n’a été annoncée. Impossible de savoir aujourd’hui si la fête sera maintenue ou annulée. Reste également la question de l’organisation défaillante de la vente des moutons qui était, à l’origine, à l’initiative de certaines autorités régionales.

Si plusieurs appels de détresse ont été lancés par les professionnels de la santé, pour annuler le sacrifice rituel de cette année, la commission de la fatwa, qui dépend du ministère des Affaires religieuses, s’est prononcée, dans un communiqué rendu public, mardi 14 juillet, en faveur du maintien de la fête. Elle précise en effet que « le sacrifice peut se faire durant le deuxième et le troisième jour de la fête afin d’éviter les rassemblements ».

Ladite commission a, par ailleurs, annoncé plusieurs mesures de prévention. Parmi lesquelles on compte, entre autres : « la stérilisation des outils d’abattage, la réduction du nombre de participants à l’opération d’abattage, l’utilisation d’un masque de protection ainsi que l’interdiction du sacrifice sur les routes et les espaces publics ».

Enfin, la commission a également appelé les citoyens « à éviter les rassemblements et les visites familiales », et ce afin d’endiguer la pandémie et d’éviter une hausse des contaminations.

Pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, il est important de rappeler qu’au lendemain de l’Aid-El-Fitr (fête religieuse qui célèbre la fin du mois de Ramadan), il y a presque deux mois, l’Algérie a enregistré la plus forte hausse du nombre de contaminations depuis le début de la crise sanitaire dans le pays.

Les startups en Algérie et Abdelmadjid Tebboune : La politique par l’absurde

21-07-2020

Opinion. Un pays avec un ministère des « Startups », c’est l’Algérie. Pire encore, on a même créé un ministère pour incuber les startups et peut-être même leur ministère. Absurde ? Oui, et ça devient une politique. Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, ne cesse de répéter partout qu’il encourage leur création et qu’il les préfère aux autres entreprises « traditionnelles ».

En effet, on comprend rapidement que Abdelmadjid Tebboune, énarque algérien, fonctionnaire et commis de l’Etat, veut dire par « startup » une petite entreprise qui ne nécessite pas de grands capitaux pour être lancée. Même si c’est vrai pour un laps de temps dans la vie d’une startup, si celle-ci ne dépasse pas ce stade, c’est qu’elle a failli. Une startup est communément connue pour être une entreprise des nouvelles technologies avec un grand potentiel de croissance. Et c’est là que l’ancien Premier ministre et wali verse dans la politique de l’absurde.

L’Algérie, une « startup Nation » ?

Faire de l’Algérie une « startup Nation » ne passe pas par deux ministères délégués. Ni par des annonces lors d’interviews organisées avec des patrons de presse, dont les organes vivent, quasi-exclusivement, de la publicité publique. Celle-ci passe par la création d’un écosystème permettant à une simple idée de « disrupter » un géant économique établi.

Paradoxalement, si vous êtes un(e) internaute se connectant depuis l’Algérie, vous devez installer un VPN pour lire ce même article.

Qu’est-ce qui serait plus absurde que de parler d’une startup nation qui censure le peu de site créateurs de contenus sur Internet ? Observ’Algérie en fait partie avec plusieurs autres sites d’information, inaccessibles depuis l’Algérie. Pour la simple raison qu’ils sont indépendants et échappent aux chantages de la publicité publique. Cela a été fait sans passer par une décision de justice.

Abdelmadjid Tebboune incarne-t-il l’esprit startup ?

Les startups fleurissent dans les pays où l’information circule librement. C’est l’économie de l’information, où celui qui détient celle-ci, détient l’avenir. Devrons-nous rappeler que des journalistes, comme Khaled Derrarni, sont actuellement en prison pour avoir fait leur travail de journaliste ?

Une startup a besoin d’un écosystème encourageant l’innovation, avec des capital-risqueurs qui ont confiance en l’avenir du pays dans lequel ils investissent. Ces mêmes capital-risqueurs, qui mettront des sommes faramineuses pour développer l’innovation de la startup, ont besoin d’une justice libre et indépendante, pour s’assurer que leurs investissements ne seront pas accaparés par un oligarque.

De leur côté, les innovateurs ont besoin d’un écosystème leur permettant d’imaginer de nouvelles façons de communiquer, d’entreprendre, de commercer, etc. Sans se heurter à une bureaucratie archaïque qui peine à développer le paiement électronique, alors que l’âge du web a dépassé les 30 ans.

Les startups ce sont avant tout la liberté. La liberté de l’information, la liberté d’entreprendre et la liberté de philosopher pour imaginer un monde nouveau. C’est aussi la confiance en l’avenir. Abdelmadjid Tebboune peut-il incarner cette Algérie ?